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Le JDD, victime d’insolation.

Let's the Sunshine in and the JDD out

Let's the Sunshine in and the JDD out

Le Danger fait peur, le Danger fait vendre. Pour une fois, le JDD n’a pas honoré le Roi-Soleil (celui du discours de Versailles). Au contraire, il a voulu faire de l’ombre au… Soleil-roi. Danger de ses rayons, danger d’y être exposé. Gros titre : « Soleil : les Français inconscients ». Le journal veut donc nous confisquer la lumière solaire en jouant sur la Peur. Pour ça, le JDD s’y entend pour noircir le tableau, à croire que ses lecteurs adultes sont tous des froussards qui demandent à être protégés des Grands Dangers de Dame-Nature. Il n’y a pas si longtemps, le journal nous informait de la catastrophique Grippe, après les méfaits du portable, les annonces écologiquement correctes de Fin du Monde etc. BiBi en tremble toujours.
Cette fois, c’est le Soleil qui aurait notre peau. Et là-dessus, le JDD en connaît un rayon. Toujours le même procédé : 1. On gronde les Français «inconscients».2. On livre les statistiques indiscutables («augmentation de 4% par an depuis 30 ans des décès»).3. On fait intervenir les Spécialistes aux arguments indiscutables.
Pour ce numéro, on fait appel aux dermatologues («Les dermatologues lancent un cri d’alarme »). Les dermatos sont contents : ils font parler d’eux. Les chercheurs sont contents : on parle d’eux. Les Français sont contents : le JDD est leur rayon de soleil. Les Enfants toujours innocents et fragiles créatures seront contents d’avoir été protégés (Merci Papa JDD et Frère Lagardère). Les journalistes, eux, sont aussi très contents : ils font passer le JDD de l’ombre à la lumière. Seul mécontent : BiBi dont le gros titre aurait pu être : «  Laissez donc les Enfants jouer avec le Soleil, ils ne sont pas si têtes brûlés que ça ».
Mais en lisant attentivement l’article sur les mélanomes en page 3 («Au début, ce n’était qu’un grain de beauté…»), BiBi a eu un rire solaire devant l’éclairage du journaliste (sûrement frappé d’insolation). Ce dernier écrivit sans rire : « Les enquêtes du Docteur Mahé le confirment : la tâche est immense » !
Ce n’était pas du tout un jeu de mot car à la page suivante, le Soleil avait encore frappé plus fort. Sous-titre : «Clotilde Reiss n’est pas une tête brûlée». Enfin, à la page 11, le lecteur est carbonisé et repère qu’en foot, «Marseille est déjà chaud».
Aussi, BiBi adresse une dernière prière au divin Soleil : « « Ô Soleil, fais qu’entre BiBi et le JDD, ce torchon brûle ! »

Pour le JDD, la France se prépare au pire.

La France s’attend au pire.

Ce n’est pas la première fois que le JDD se soucie de la Santé de nos concitoyens et qu’il présente la France comme un grand corps malade (à soigner). Il y a quelques mois en arrière, on avait eu droit au Cancer, à une pétition de nos Chercheurs, au grave problème des psychotropes via le magazine Psychologies, aux dangers du portable pour notre jeunesse, à la Mal Bouffe et aux bons vins conseillés (des caves de Bernard Arnault of course) etc. Ce dimanche, le Journal du Frère Lagardère veut une nouvelle fois nous rendre malade ! Et il le fait très bien. Ce sera de la grippe dont il sera question : «Info ou Intox ?». «La France se prépare au pire», titrent les premières pages. Dans les articles qui suivent, la démonstration est rondement menée. De la question «Info ou intox ?», il ne sera plus question. Et derrière l’affirmation («La France se prépare au pire»), vient cette délicate évidence :«Little Nikos va s’occuper du pire» (20 millions d’électeurs malades à l’automne qu’il faudra chouchouter). Et en fond sonore, cette autre question (l’hôpital ici se fout de la Charité) :« Les politiques et les médias en font-ils trop ?» (Rappel : le JDD en fait 3 grandes pages !)

Manque de chance : Little Nikos s’essouffle, ralentit son tempo et se heurte à des problèmes de cœur après un énième jogging. Du coup, les titres du JDD prennent une saveur particulière et bien involontaire. On se répète que ce n’est pas la France qui prend la grippe mais Little Nikos qui est pris en grippe et que peut-être bien que, oui finalement, «la France se prépare au pire».

Michel Boujenah change de casquette.

Michel Boujenah dans le JDD du 26 juillet 2009

Michel Boujenah change de casquette. D’humoriste, le voilà acteur puis réalisateur puis directeur de Festival. Pourquoi pas ? Ce qui reste pourtant surprenant pour BiBi, lecteur de son interview au JDD du 26 juillet, c’est cette extrême facilité avec laquelle l’humoriste passe d’un statut à un autre dans le Réel.
Ce passage-là n’est interrogé ni par l’acteur ni par le journaliste comme si, dans cet espace social spécifique, ce changement était naturel, comme s’il allait de soi, comme s’il se faisait sans heurts, sans difficultés.

Pour BiBi, il serait interessant de savoir comment passer d’une fonction spécifique (humoriste) à une autre (réalisateur de longs métrages), comment trouver appui pour matérialiser ce va-et-vient, non par voyeurisme mais par intérêt sociologique.
En contrepoint des trente ans de carrière et de la traversée du désert de l’artiste, BiBi a relevé les propos de Guy Eyermann, délégué CGT de l’usine New Fabris :

«Nous avons été virés comme des malpropres. Du jour au lendemain, PSA et Renault ont cessé leurs commandes. Les 366 salariés seront jetés à la rue après, parfois, 20 ou 30 ans de travail. Impossible de retrouver un emploi».
Des propos qui pèsent bien peu : ce n’est pas dans le journal du Frère Lagardère qu’on en fera un article.
Guy Eyermann, Michel Boujenah : deux places différentes, un même Monde.

Pensées Royales.

Madone Ségolène

Royale Ségolène : les Amis de BiBi se souviennent surement de l’article L’incroyable mais passionnante semaine de Little Nikos. BiBi y évoquait la Soirée Sida du 29 janvier au Pavillon d’Armenonville, soirée parrainée richement et dignement par une Carla, drapée d’une magnifique robe Yves Saint-Laurent et croulant sous des bijoux Van Cleef Vintage. L’assistance avait eu l’heureuse surprise de voir arriver Little Nikos au milieu de la soirée. Cet article, repris par Betapolitique, a été repris à son tour par Désirs d’Avenir du Département de la Loire-Atlantique. Jusque là, BiBi peut l’admettre puisque tout écrit de BiBi, une fois sur la Place publique, ne lui appartient plus vraiment.

BiBi se demande pourtant si ce même site de la royale Ségolène aura le même réflexe en reproduisant ce qui suit. BiBi a en effet découvert (Source : Le Point du 12 février) que Dominique Besnehard, ami de la Princesse des Socialos, avait fêté ses 55 ans au Bellini, l’un des Restaurants les plus chics et les plus courus de la faune mondaine de Paris. On y voyait les très révolutionnaires Jeanne Moreau et Micheline Presle côtoyer la très réactionnaire Charlotte Rampling (amie de Valérie Hortefeux), la séduisante sarkozyste Sophie Marceau qui a voté pour Little Nikos les yeux bandés, la très chère Line Renaud descendue des corons, Muriel Robin infidèle d’un soir de Bernadette, Madame Nathalie Baye top-Modem et… et… et… la divine Ségolène Royal. Portait-elle cette fois-ci la même robe bleue du Zénith ? Son ami de très longue date, François Pinault, était-il présent ? Si oui, on peut penser que l’ami breton l’aura invitée à assister au mariage de François-Henri avec Salma Hayek à la mairie du VIième arrondissement parisien. Mais BiBi suppose que, pour plus de détails, il faudra que les Amis de BiBi aillent consulter le site de Désirs d’Avenir 44 http://www.desirsdavenir.blog.fr

Un qui tombe la chemise, c’est le fondateur et Président de la griffe Diesel. Il considère la crise «comme une bonne chose car elle nettoie le marché, évacue les plus faibles et révèle les plus forts ». Hé Renzo Rosso, avec ton Diesel, tu nous pompes !

Casse-tête chinois : le Sénateur Jean-Claude Carle, député UMP de Haute-Savoie, parti en voyage d’affaires et d’agrément avec Jean-Pierre Raffarin en Chine, a passé sa semaine à étudier la Culture et la Cuisine chinoises. Une semaine ? «Trop court pour apprendre à manger avec les baguettes », a-t-il déclaré à son retour. Il devrait demander à son Chef Little Nikos qui s’y entend pour mener ses Courtisans…et le Pays à la baguette.

Impôt loco : d’après une étude de Dexia, le taux des quatre grands impôts locaux de 2009 va connaître une hausse un peu raide pour les ménages. Ils augmenteront de 3,6% pour l’année mais si on y ajoute la revalorisation des bases, le montant de la taxe d’habitation et celui de la taxe sur le foncier bâti dépasseront + 6%.

Le Frère Lagardère est heureux : 1. Ses Sociétés toutes confondues sont en croissance de 3,1% pour l’année 2008. 2. Lagardère Sports, une de ses filiales, a été sélectionnée par le CIO pour commercialiser les Droits Médias des Jeux Olympiques d’Hiver de 2014 (à Sochi en Russie) et ceux d’été de 2016. Et ce, dans 40 pays européens.

« Vive la Crise ! » (1984-2009)

Le JDD 2009 et Libération 1984

Le JDD de ce dimanche ne nous rajeunit pas. Ce «Vive la Crise » vient comme un écho du numéro spécial de Libération de février 1984, numéro qui faisait suite à une émission de TV diffusée alors sur Antenne 2.  BiBi se souvient de ce supplément hors série concocté par notre tandem toujours en poste dans les Sphères médiatiques : Serge July et Laurent Joffrin. Yves Montand, lui, envahissait alors nos écrans (télévisés). L’acteur y plaidait la cause de l’austérité, se proclamant «de gauche, tendance Reagan ». Son argumentation était simple : les Français refusent de se plier aux nouvelles contraintes économiques, obstinés qu’ils sont à réclamer «toujours plus». Dans son sillage, Pierre Rosanvallon, ex-théoricien de la CFDT, invitait les lecteurs à «apprendre l’austérité». Ah les Belles années des Eighties !

Libé d’hier, JDD d’aujourd’hui : pourquoi ce rapprochement entre ces journaux ? C’est que le Slogan «Vive la Crise » 1984-2009 est un doublon : il intervient dans la bataille idéologique. En février 84, la Propagande libérale glosait sur la  fin des idéologies, sur la futilité de l’Etat-Providence et célébrait le Culte de l’entreprise. Les Français étaient appelés à faire des sacrifices. L’Etat social et  les prétentions  syndicales devaient en rabattre sur l’autel de la rigueur. L’Europe unie applaudissait une Présidente nommée Margaret Thatcher. En janvier 2009, la Populace n’a toujours pas compris : elle défile en piaillant pendant que l’argent file, elle manifeste alors qu’elle devrait se mettre au travail. La Populace ne comprend pas que la Crise représente une «grande mutation», douloureuse, mais finalement profitable à long terme.

En 1984, l’émission d’Antenne 2 donnait la parole et l’image à un jeune énarque vendéen nommé Philippe de Villiers. Sous-préfet démissionnaire, il fut le Créateur de cet incroyable spectacle «libertaire et convivial » des Fêtes du Puy du Fou. En 2009, le JDD continue de nous faire saliver avec du pain et des jeux, du lard et de l’Art. Gloire aux Globes de Cristal avec Attali en vers ! Vive le Louvre et ses expos. Bravos aux braves nantais qui célèbrent leur Bach d’abord ! Grand soit Picasso au Grand-Palais ! Merci, merci, merci à Bernard Arnault en mécène et saluons Europe 1 du Frère Lagardère en fonds sonore qui chipote et chapeaute l’Expo du Gitan.

Doublon donc mais avec les réajustements d’aujourd’hui : la collusion de la Critique Artiste avec la Présence des Milliardaires y est portée à son point maximum (1). L’intertitre est d’ailleurs significatif : «Sans le Mécénat, adieu grandes expositions et festivals de qualité »(2). La Peinture, le Cinoche, la Chanson nous «jouent la mélodie du Bonheur». Dans le même tempo, il nous faut oublier «les lendemains qui déchantent ». Derrière ce Slogan de «Vive la Crise » revenu en première ligne dans la Boîte à Idées de nos Chiens de Garde, BiBi n’y voit aucune ironie, aucun humour distancié de Bobo. Pour lui, ce n’est pas un bon mot de potache, c’est plutôt l’Opération Idéologique du Nouveau Libéralisme : «Soyez fascinés par les traits, les couleurs, les Voix ». Comme nous le dit Jean-Jacques Annaud, il faut éteindre la Guerre du Feu, gommer le Conflit c’est-à-dire le Politique : «La Culture est notre chance, notre vocation, notre solidité et notre destin. Et notre horizon». L’Art – version Mécénat – est rassembleur, il efface les clivages. Enfin réconciliés devant l’énigme de l’Aventure humaine, nous voilà Un parmi d’autres. BiBi tient la main de Sophie Marceau et celle de Charlotte, 18 ans. Dans le Musée, BiBi déambule avec l’anonyme Emilie 24 ans, aux côtés de Bernard Arnault. Tous affluent, hors classes sociales : Mick Jagger comme les mulots, Nicole Kidman comme Eva Mendès et les 18.000 visiteurs derrière.

Le revers du Tableau est bien entendu mis sous silence. Les grondements du 29 janvier n’ont pas une ligne dans le JDD. Pour BiBi pourtant, deux millions d’anonymes ont montré ce jour-là qu’ils aimaient l’Art… l’Art de vivre.

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(1)   Voir Luc Boltanski et Eve Chiapello. «Le Nouvel Esprit du Capitalisme ». Gallimard 2000. (pages 500 – 576)

(2)  Voir Pierre Bourdieu et Hans Haacke. «Libre-échange » au Seuil.

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