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Tiens, et si on écrivait et parlait « Football  » ?

Une Pensée-BiBi pour Socratès.

Grand joueur de football, homme engagé, Sócrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira dit Socratès (frère aîné de Raï) est décédé ce dimanche 4 décembre. BiBi a une pensée pour lui, se souvenant de la détresse du joueur à Barcelone en 1982 quand le Brésil fut battu et éliminé par l’Italie alors que cette année-là, Socratès, Capitaine, commandait l’équipe brésilienne, une des plus fortes de tous les temps.

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Football français en perdition.

Depuis 2 mois, BiBi s’est assis devant son écran pour suivre un peu les compétitions européennes  et il n’en revient pas. Avec les rencontres où étaient engagées les équipes françaises, il n’a pas vu un seul but, côté français. Rappels : OM-Arsenal (0-1), Arsenal-OM (0-0), OM-Olympiakos (0-1), Real-Lyon (4-0) et Lyon-Real (0-2), Ajax-Lyon et retour (0-0). Bien entendu, les journaux français ont euphémisé le big problème. (Enfin 1 but ! Celui de Rémy contre Dortmund…)
Hypothèse possible : si l’on se penche sur le faible niveau de la Ligue 1 via les résultats dans les compétitions européennes, il est possible que le Club Evian-Thonon-Gaillard (ETG) de Frank Riboud, PDG de Danone-Evian, dispute la Champion’s League l’an prochain.

Lecture de la Presse sportive : le cas Pastore.

Le numéro de Planète-Foot se lance sur les pas du joueur parisien Pastore, dernière recrue du PSG. BiBi veut bien qu’on fasse tout un pataquès sur le joueur dont seuls les supporters de Palerme connaissaient jusqu’alors le nom. Bah ! Il faut bien vendre du papier et nourrir les écrans TV pour tenter de convaincre que ce pauvre Championnat de France est digne d’être regardé.

BiBi s’est donc penché sur Planète-Foot (oct-nov) et sur L’Equipe, le journal de Madame Amaury. Et il s’est attardé sur les articles qui jugeaient les prestations de l’avant-centre parisien, Pastore : sept matches, cinq buts et 2 passes décisives.
Les dithyrambes sont arrivés à vitesse grand V. Bien entendu, pour vendre des canards sportifs, il faut appâter le client avec des légendes soit très proches (Zidane et les vieillards de 98) soit à faire naître. Et là, on retrouve Pastore. Le journaliste Mathieu Delattre de Planète-Foot s’y emploie. Extrait ô combien exemplaire :
«Nouveau Prince du Parc, l’Argentin transforme le PSG et illumine Paris comme il joue. Déjà parti, après deux mois seulement pour laisser son empreinte».
Pourquoi pas ? Ce n’est ni le premier ni le dernier article sportif à faire dans l’Idolâtrie. En contrepoint, BiBi a relevé  les commentaires de l’Equipe du 29 novembre sur le match OM-PSG où Pastore (comme lors de ses tous récents matches) a été transparent :
«Pastore : un meneur qui marche, qui refuse les duels et qui ne sent plus le jeu. A Marseille, Pastore sera encore monté d’un cran dans la médiocrité qui accompagne son jeu depuis un mois et demi». Au lecteur de conclure.

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Sepp le Menteur et Michou, son Chouchou.

Les légendes ne finissent jamais. Michel Platini, protégé de Sepp Blatter, sera certainement le prochain Président de la Fifa. «Michel est destiné à la plus haute fonction du football» a déclaré Sepp. La légende de Michou est en marche : on a accroché l’adjectif d’altermondialiste du Foot au joueur français. Futur Chien de Garde de la Maison FIFA, soyons sûrs que la Niche sera bien gardée.

Blatter l’Africain ?

Dans cette interview au journal « Le Matin», le puissant et bien arrogant Sepp étale ses mensonges. Alors qu’il avait fait des déclarations fracassantes sur l’état du football, niant les actes de racisme de plus en plus nombreux, il revient sur la nomination de l’Afsud pour la dernière Coupe du Monde : «J’étais seul. Personne n’y croyait, tout le monde pensait que nous perdrions de l’argent. Or nous n’en avons jamais gagné autant. Pas seulement nous, la FIFA: aucune nation n’a autant profité du Mondial que l’Afrique du Sud». BiBi renvoie à son billet sur le bilan post-Coupe du Monde datant d’une année  pour démonter cet odieux mensonge.

Machiste.

Passons sur l’autosatisfaction et la suffisance de celui que Rummenigge, ex-joueur et dirigeant du Bayern de Munich, traita de «Moubarak du Football » : «On dénigre systématiquement une institution qui sauve des vies, qui aide les peuples, qui donne des émotions». Mais ne ratons pas ce Blatter, petit pappy machiste sur le foot féminin : «Pourquoi ne pas les habiller avec des tenues plus féminines, comme les joueuses de volley ?»

Les Scandales oubliés.

Blatter, fier valaisan, ne parlera ni du dopage dans le foot, ni des paris clandestins en Asie, ni des mirobolantes sommes qui tombent dans les caisses de l’Organisation, ni des propos de Lord Triesman ni du livre d’Andrew Jennings (relire ici les Flèches de BiBi spéciales Foot)

Enfin, en décembre dernier, BiBi releva la phrase la plus drôle de l’année. Et c’est ce cher Sepp qui lâcha sans sourciller : «Je n’ai jamais corrompu, on ne m’a jamais corrompu et on ne le fera jamais». Blatter a passé ses 74 ans mais il est toujours là : construisant, modelant, enjolivant toujours sa propre légende mensongère.

La Découpe du Monde (2).

Suite et fin de la Nouvelle-BiBi : « La Découpe du Monde ». Rappel de l’exergue : « Ô Dieu ! Je pourrai être enfermé dans une coquille de noix et me sentir le Roi d’un espace infini… seulement voilà, je fais de mauvais rêves ». Hamlet (II,2)

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Pendant les trois jours qui précédèrent la rencontre dominicale, Artur R lut et relut le livre offert par son entraineur. Le passage qu’il préférait était celui où l’auteur rappelait le geste magnifique de l’avant-centre brésilien. Mexico 1970.

Artur R tournait, se retournait dans son lit. Il ne cessait de penser à sa demi-finale du lendemain. Il ralluma la lampe de chevet et ouvrit à nouveau le livre. Derrière la mince cloison qui séparait sa chambre du salon, il entendit les infos de minuit. Le titre qui ouvrit le journal télévisé portait sur l’occupation de l’église Saint-Bernard par douze sans-papiers. « L’intervention musclée de la police a été décidée en haut-lieu ce matin même, avait précisé la voix du présentateur. Les forces de l’ordre ont procédé à douze arrestations. Les expulsions vers leur pays d’origine suivront sans doute dans la soirée».

Artur R entendit la voix virulente de son père couvrir la suite du commentaire :

– Foutus branleurs de nègres ! Des bons à rien ! Occuper des églises ! Qu’ils retournent donc dans la jungle !

La voix pointue de sa mère renchérissait :

–  C’est vrai qu’ils n’ont rien dans la tête !

–  Négros, bronzés, cafés-au-lait, tous à mitrailler !

Depuis douze ans, Artur R avait toujours suivi les raisonnements de son père mais ce soir, son paternel venait de balancer une chose pas vraie du tout. Dans les propos qu’il venait de surprendre, Artur R releva un mensonge manifeste. Il serra contre lui l’épais livre sur Pelé… Pelé, ce nègre, ce café-au-lait, oui, oui. Mais… dans le même temps, il réalisa que pour marquer 1284 buts, pour mystifier 1284 fois les défenseurs adverses, pour battre à 1284 reprises le gardien adverse, il fallait obligatoirement en avoir dans la tronche. Oui le mensonge était manifeste. 1284 buts. 12 arrestations. 12 expulsions.

Quelque chose clochait. C’était obligé.

Car Artur R en savait long sur la difficulté à marquer un seul but, sur la férocité des tacles défensifs des adversaires, sur les feintes à imaginer pour s’ouvrir le chemin des buts. Il se répétait qu’il fallait diablement d’intelligence pour arriver au total vertigineux de 1284 buts. C’était obligé.

Toute la nuit, il s’agita dans son lit et fit de mauvais rêves. Au matin, il avait triste mine : yeux gonflés, teint cireux. Artur R couvait certainement une grosse fièvre. Il ne marqua pas de but, rata un penalty décisif et fut même sorti par son entraineur avant la fin du match. De tout le voyage-retour, son père ne lui adressa la parole. Artur R se dit que la vie avec les adultes de la maison allait être plus dure que ce qu’il avait alors imaginé. Beaucoup, beaucoup plus dure. C’était obligé. Et pendant les nuits qui suivraient, les mauvais rêves ne manqueraient pas de l’assaillir.

C’était obligé.

La Découpe du Monde (1).

Il y a plus de seize ans – c’était en 1997, juste avant l’euphorie Black Blanc Beur un peu naïve qui avait accompagné la victoire des Bleus au Stade de France – BiBi avait publié un recueil de 14 nouvelles très noires avec, comme fil rouge, le Football, son Réel et ses Imaginaires. Un recueil sur lequel BiBi a récupéré les droits et qu’il cherche à re-publier 🙂 La nouvelle ici présentée était la première des 14. Chaque Nouvelle avait un exergue. La phrase d’Hamlet, acte II, scène 2 (« Ô Dieu ! Je pourrai être enfermé dans une coquille de noix et me sentir le Roi d’un espace infini… seulement voilà, je fais de mauvais rêves ») ouvrait cette première nouvelle qui s’intitulait : « La Découpe du Monde ».

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«Défiez-vous de vos idoles» répétait souvent son entraineur. Mais aujourd’hui, Artur R. n’écoutait pas les conseils. Il placardait les murs de sa chambre avec des photos grand format de ses footballeurs préférés. Serge C. Georgie B. Hugo S. Des encarts en couleur découpés dans l’hebdomadaire sportif que son père, abonné de la première heure, recevait depuis des années. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, Artur R avait été habitué à voir la revue dans le porte-journaux du salon. Les seules lectures autorisées dans la maison étaient celles de l’hebdo sportif et du Bulletin mensuel des Armées.

Artur R chercha quelques punaises dans la boîte et ajouta trois posters au-dessus du bois de son lit : un cliché d’une reprise de volée qu’il avait lui-même effectuée lors d’une rencontre de pupilles au Tournoi des As, une photo de Raymond K. amorçant un dribble court et un instantané de Michel P. délivrant un ballon au millimètre.

– « Je crois que tu devrais te préparer, conseilla la mère d’Artur R en entrant dans la chambre. Ton père va bientôt arriver et tu sais qu’il a horreur que tu sois en retard à l’entraînement».

Artur R ramassa instantanément les petits bouts de papier éparpillés sur le tapis et rangea le reste de ses affiches dans le tiroir de son bureau. Il ouvrit ensuite son armoire et s’habilla méthodiquement pour son entraînement du soir. Chaussures propres, cirées. Chaussettes jaunes, flambant neuf. Short, survêtement nickel. Tels étaient les désirs de son père.

Ce soir-là, l’entraîneur parla longuement tactique et insista sur l’importance du match de dimanche. En cas de victoire, avait-il souligné, les portes de la finale du Tournoi des As seraient définitivement ouvertes.

Artur R, titulaire indiscutable, avant-centre incontesté, représentait le meilleur atout offensif de l’équipe. En dépassant régulièrement la barre des quarante buts par saison, il était devenu un leader d’attaque craint et respecté.

A la fin de la séance des tirs au but qui clôtura l’entraînement, ses coéquipiers vinrent l’entourer. Dans le brouhaha, on entendit fuser un refrain joyeux, bientôt repris en chœur : «Joooo-yeux Aaaannniversaire ! Artur !». Et sous la lumière blafarde des projecteurs, Artur R riait aux éclats.

L’entraineur fendit la ronde chaleureuse des jeunes footballeurs et tendit un paquet à son protégé. «Pour tes douze ans !» dit-il simplement. Artur R déchira aussitôt le papier et ôta maladroitement les liens qui retenaient le livre.

Un livre sur Pelé. Deux cent trente pages sur le numéro dix brésilien.

Dimanche, Artur R attendait impatiemment la demi-finale du Tournoi annuel des As et se mit à rêver aux 1284 buts marqués par l’avant-centre du Brésil tout au long de sa carrière. C’était bien ça le plus incroyable dans ce livre, le chiffre : 1284. Il avait du mal à imaginer.

Pendant les trois jours qui précédèrent la rencontre dominicale, Artur R lut et relut le livre offert par son entraîneur. Le passage qu’il préférait était celui où l’auteur rappelait le geste magnifique de l’avant-centre brésilien. Mexico 1970.

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Suite et fin de la nouvelle : La Découpe du Monde (2).

Le Monde dans tous ses Etats.

Le Monde dans tous ses Etats

En Amazonie, les liens sont très étroits entre l’expansion de plus en plus poussée de l’élevage et la destruction de la forêt. Les éleveurs brûlent un hectare de forêt primaire toutes les 18 secondes. Autre chiffre : le Brésil est le quatrième émetteur de gaz à effet de serre de la Planète et premier exportateur de bœuf au monde avec 30% de marché. Le Brésil n’est pas que le Pays de Copacabana et celui des sublimes Caetano Veloso et Joao Gilberto.

Battler et Platini traquent les méchants.


Bresil VS Ghana par Falafel65

Le livre de Declan Hill (1) n’a pas fini de faire des dégâts et d’indisposer les hautes Autorités du Football. A l’approche de la Coupe du Monde en Afrique du Sud, la FIFA semble se réveiller d’un profond sommeil. Faut dire que la bombe Declan Hill a fait un sacré tintouin ! Les Grands Pontes du football mondial ont vu leurs filets violemment secoués par les tirs en rafale du journaliste canadien.

Au début de son livre, Declan Hill nous fait l’inventaire des actions de jeu les plus usitées pour truquer un match. Il s’arrête sur le témoignage d’un joueur singapourien qui décline toutes les maladresses factices possibles : « Des trucs comme rater un tacle, faire un dégagement droit sur l’attaquant de l’équipe adverse qui est à cinq mètres des buts. Ou faire semblant de chercher un hors-jeu. C’est sûrement ça la meilleure. Tu remontes le terrain, tu fais croire que tu cherches le hors-jeu et l’attaquant de l’équipe adverse qui lui, ne l’est pas, a le champ libre ».

BiBi a retrouvé les buts de ce match de la Coupe du Monde que Declan Hill nous dit avoir été truqué (Brésil-Ghana à Dortmund avec une victoire brésilienne par 3 à 0). Comment ne pas rapprocher les propos de ce joueur singapourien des images du premier but brésilien de Ronaldo (cinquième minute) et du troisième (84ième minute)? Ajoutons qu’au départ de l’action qui mène au second but marqué par Adriano (46ième minute), il y a une remontée incongrue de la défense ghanéenne. Au total trois buts sur des remontées défensives jouant le hors-jeu. Vous avez dit bizarre ?