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Réponse au benaliste Sofian, invité du blog de Romain Blachier.

Naviguant sur Twitter tout en dégustant pâtisseries et thé tunisiens avec ses amis, BiBi s’est arrêté sur le blog de Romain Blachier, pointure socialiste lyonnaise (tendance Collomb /DSK). Au nom de la liberté d’expression, ce dernier offrait son blog à un sympathique ami tunisien (Sofian) qui regarde «avec circonspection les évènements». D’entrée, on saisit l’intention de l’ami : il prend position contre l’assimilation de la Tunisie de Benali à une «dictature sanguinaire». Ceci est écrit au moment même où jeunes et moins jeunes  recevaient balles réelles dans cette Tunisie qui «contrairement à ce que l’on croit, poursuit-il, se démocratise peu à peu» !

Il est souvent de coutume de parler de la Solidarité des «Frères arabes» (demandez aux Palestiniens) mais souvent, trop souvent derrière un semblant d’unanimité (ah, la fameuse Oumma), se cache une rancœur fraternelle, celle d’Abel et Caïn. Pour Sofian, le Maghreb (et la «modeste» Tunisie), c’est donc mieux que tout le reste… du Monde musulman.

La désinformation.

La désinformation ? Bah ! vous n’y pensez pas. Elle vient exclusivement des méchants d’Al-Jazeerah. Les armes médiatiques de BenAli ? On n’en saura rien. Juste ceci : «Le président déchu Zine  El Abidine Ben Ali est loin d’avoir un bilan catastrophique». Dommage que Sofiane fasse silence sur la Ben Ali Propaganda, digne des régimes staliniens. BiBi lui rafraîchit ici la mémoire avec quelques exemples.

Les radios.

La licence de Radio Chams FM a été accordée à la fille Ben Ali épouse Mabrouk. Celle de Zitouna FM a été accordée à Sakhr el Matri, gendre du président. Mosaïque FM la première radio privée a été accordée à un groupe d’hommes d’affaires dont Belhassen Trabelsi est comme par hasard le frère de Mme Ben Ali. La radio FM du Sahel a été donnée à M. Néji Mhiri, ami personnel de Ben Ali.

Les télévisions.

Hannibal TV : Monsieur Mohamed Nasra a obtenu la première licence privée de télévision. C’est l’époux d’une proche de Mme Ben Ali. Dans la belle coopération franco-tunisienne – dont Sofiane ne pipe mot – n’oublions pas l’Agence Tunisienne de Communication Extérieure, organisme mis en place par Abdelwahab Abdallah, un des piliers du régime. Les journaleux payés par BenAli ont continuellement asséné et répété que la Tunisie s’ouvrait au Monde moderne (avec la complicité d’Anne Méaux, Princesse de la Propaganda et Séguéla d’EuroRscg).

La diversité religieuse.

Sofiane voudrait nous faire croire à la tolérance de BenAli sans voir :

1. que c’est la grandeur du peuple tunisien qui a offert des garanties aux trois monothéismes de pouvoir pratiquer et non l’esbrouffe stratégique de BenAli. La population tunisienne dans son écrasante majorité a toujours renié l’islamisme radical.

2. que Ben Ali, lui, a toujours eu la même ligne : se présenter comme un bouclier contre l’islamisme radical pour justifier ses emprisonnements, expulsions, tortures etc. A chaque soubresaut, ses journaleux criaient au loup: «Les islamistes veulent prendre le pouvoir» ! Entretenir la menace terroriste à l’échelon local et régional pour apparaître aux yeux des Etats occidentaux comme le «bon élève» de la classe sécuritaire du Monde arabe, loin devant Bouteflika, Moubarak et tous les autres… c’est cela que l’ami Sofiane prend pour des largesses démocratiques.

Immobilier et foncier.

BiBi ne s’étendra pas nonplus sur les bénéfices énormes générés par les prix réels de l’immobilier et le foncier. La plupart des ces opérations d’expropriation et d’accaparement des terres ne bénéficiaient pas au peuple tunisien mais étaient aux mains de la famille. Ben Ali se distribuait des zones entières. Il l’a fait pour Montassar Maherzi (époux de la sœur de Mme Ben Ali) à Gabès, pour lui-même à la Baie des Anges au Kantaoui etc.

Corruption et familialisme.

Sofian prend des gants : «C’est un fait la corruption gangrène la Tunisie » mais c’est aussitôt pour rajouter ce «mais» qui corrige tout : « mais ce phénomène avait plutôt tendance à s’apaiser vu que selon Transparency International qui classait la Tunisie 59ème sur 178 pays». Or cet appel empreint d’objectivité – via la référence à des statistiques de Transparency International (organisme en effet reconnu et très sérieux) est une falsification, une contre-vérité. BiBi est allé chercher au plus près et a relevé : « Selon Transparency International, indice 2007, la perception est que la corruption en Tunisie ne fait qu’empirer. Le classement de la Tunisie sur l’indice a chuté de 43 en 2005 à 61 en 2007 (sur 179 pays)»

On connaît cette argumentation habituelle : il y a des voleurs qui volent plus que nous donc, voyez, finalement, nous ne sommes pas des voleurs.

Les grands travaux.

Souvenons-nous que les Dictatures ont toujours aimé organiser une Politique de Grands Travaux. Sofian nous dit la grandeur de BenAli en… glorifiant la construction de huit aéroports sous l’ère du Dictateur. La méthode est similaire lorsqu’on loue les autoroutes germaniques construits par Hitler (laissez passer les chars), le nouveau réseau routier franquiste (pour envoyer au plus vite la Police), l’architecture stalinienne, les aménagements touristiques de Ceausescu sur la Mer Noire (avec roumains comme petit personnel) etc.

Les aéroports donc.

Juste des rappels : sur la concession pour la gestion des services de l’aéroport de Tunis, qui est le bénéficiaire ? Le gendre de Ben Ali. Sur la licence des Free-Shops ? A la Société Weitnauer chapeautée par Sofiene Ben Ali. Nul besoin d’insister sur le développement du familialisme (Ben Ali, Trabelsi, Materi, Mabrouk, Zarrouk, Chiboub). L’article-BiBi deviendrait justement obscène car la liste serait interminable.

La France libérale.

Quant aux Sociétés françaises, leur entrée en territoire benaliste était toujours conditionnée de la même façon : il fallait montrer patte blanche et sommes trébuchantes pour s’y installer (Carrefour à Slim Chiboub, Géant, Monoprix obtenues grâce à Madame Mabrouk, fille de Ben Ali, Bricorama confisquée par Imed Trabelski). On imagine que la faillite du petit commerce tunisien n’est pas un vain mot. BiBi n’abordera pas les conditions dramatiques dans lesquelles vit la grande majorité du peuple tunisien, des étudiants diplômés sans espoir aux gens de peu entre mendicité et rapines. Tout ceci est connu.

Rebelles et Briseurs de Tabous.

Un mot à Romain Blachier qui prend ses précautions pour donner de la parole et de la place écrite à un défenseur de BenAli. Pour BiBi, il est de bon ton en ces années sarkozystes de se présenter avec des paroles décalées, différentes, de bon ton de se doter d’habits de rebelle, de penseurs à l’écart. Ainsi Zemmour peut se targuer d’être un Intello politiquement incorrect (tout en bouffant au Figaro et à France 2 et à la TV Bolloré). Ainsi de notre Président tout fiérot de parler de rupture et de brisure des tabous. Ainsi de nos Intellos-Chiens-de-Garde voulant se présenter comme victimes et minoritaires dans un espace médiatique tout inventé sur mesure par un supposé squatt des très méchants Rouges.

Interrogations-BiBi.

L’argumentation de la pluralité des opinions que Romain Blachier brandit interroge BiBi. Pendant 23 ans de pouvoir en Tunisie, les seules voix autorisées pour glorifier le Régime BenAli furent celles, majoritaires, omniprésentes de sous-fifres benalistes, de censeurs bien organisés et grassement payés pour construire la grandeur de leur Président. En Europe et ailleurs.

Démarquage et marquage.

Aujourd’hui, un socialiste tendance DSK (pas très gêné aux entournures) reçoit son ami Sofian en disant dans le même temps : «Attention, ce n’est pas moi ; ce que dit Sofian, ce n’est pas mon avis».

Très bien mais en lui laissant son espace de blog (rien à dire là-dessus) au nom de la «différence», Romain Blachier dit aussi autre chose aux bibis : l’air de rien, il met les bibis en posture d’être des analystes non-objectifs et aveugles, de raisonner en mots d’ordre, d’occuper la place de vilains partisans, d’être des gens qui disent des contrevérités puisqu’ils ne donnent pas à la discussion un air équilibré à leurs positions (leurs blogs ne font évidemment pas du 50/50) alors que le sien… etc.

Joie révolutionnaire et soupirs strausskhaniens.

Eh bien n’en déplaise à Romain et à son ami tunisien, BiBi a goûté ce samedi les saveurs de pâtisseries tunisiennes et du thé à la menthe avec ses amis. Et derrière leurs larmes et leur légitime inquiétude sur ce qui se passe (la tournure calamiteuse retenue par Romain Blachier – «Bonjour l’Anarchie» en lieu et place-BiBi de «bascule démocratique»- en dit long), BiBi était fier d’y voir de la fierté et de l’espoir.