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Sarkozy veut nous réveiller en nous endormant.

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Pour une fois, BiBi a trouvé une confidence d’importance dans le JDD. C’est Bruno Jeudy qui la rapporte mais – évidemment – sans s’en offusquer. Qu’on en juge : Maître Sarko s’avance devant le Peuple de France et lâche (en prélude à ses cancanneries télévisées de Jeudi) : «La crise est là. Je vais dire la vérité aux Français. Il faut qu’ils se réveillent. Ils doivent entendre la vérité. J’y suis prêt». Toujours ce paradoxe manipulateur avec la même conclusion-BiBi : Sarkozy veut nous réveiller en nous endormant.

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Un mot sur «la crise» : BiBi renvoie à l’article d’Alain Accardo (1) dans le dernier numéro de La Décroissance et mis en ligne chez Agone. Ecoutons les politicards UMP, aidés de leurs économistes : que nous serinent-ils ? Les sempiternels et très ingénieux refrains qui leur permettent de s’en laver les mains : «C’est la crise !» La Grèce, le chômage, l’austérité, la fuite des capitaux, c’est LA CRISE, les Bourses qui s’affolent, le petit qu’on vaccine, la femme qui se barre, la Royal qui pleure, c’est LA CRISE.

Donc, pour Chouchou : «La crise est là». Sa pensée, qui prend appui sur la soi-disant science économique (libérale bien sûr), a l’aval de tous nos Jeudy des Médias.

«Je vais dire la vérité aux Français» : Sarkozy prépare bien sa potion magique. Il remet son breuvage du lundi à jeudy. Comme toujours dans ce Monde délirant, celui qui vient vous dire la vérité (ou qui balance son discours dominant) se présente comme celui qui l’incarne. Et voilà notre Nicolas qui  joue au Grand illusionniste des Temps présents avec son tour de passe-passe bien éventré : Celui qui «dit la vérité» se prend (se donne) pour la Vérité.

«Il faut qu’ils se réveillent». Notons cet oukaze («Il faut»). Façon de dire : Fais gaffe, mon Citoyen, si tu ne te plies pas à cet Ordre de mes Gens d’Ordre, il t’arrivera des bricoles. Il y a peu, les Français étaient des fainéants (les chômeurs), étaient des privilégiés (les fonctionnaires), étaient des victimes à secourir (les travailleurs qui se lèvent tôt), de bien pauvres brebis égarées (ceux dont on parle dans l’intervention de béni-oui-oui du Puy-en-Velay). Pour le Discours de ce Jeudy, le Français sera désormais un Dormeur à la force de travail honteusement en sommeil. Pas étonnant de la part de ce Français roupilleur, il a probablement trop lu Lénine qui écrivait : «Il faut rêver».

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(1). Extrait : « »La Crise », c’est une nouvelle vertu dormitive, pseudo-explication purement verbale qui a pour effet de masquer que toute crise, économique ou autre, est fondamentalement l’état d’un système dont les contradictions internes (Capital vs Travail en l’occurrence) ont atteint un degré d’acuité indépassable, un blocage irrémédiable dont on ne peut sortir que par la rupture et la mise en place d’un système obéissant à une rationalité différente».

Sarkozy a perdu une bataille, pas la Guerre.

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Après la prise du Sénat par la Gauche, de grandes voix s’élèvent pour célébrer la dislocation du Sarkozysme, pour blablater sur la Peur de la Droite (Titre du Libération du numéro de Mardi).

Pour BiBi, on aurait grand grand tort de croire à la défaite définitive de l’UMP même si les sondages accumulés montrent un rejet du Président. (BiBi rappelle qu’on peut voter pour un homme qu’on déteste). Sarkozy – même avec une marge étroite – garde quelques atouts : d’abord, évidemment, les moyens d’inculcation et de persuasion que restent les Grands Médias à la botte, ensuite les puissantes idées de la fatalité de la Crise, l’argument fort de la crédibilité face à cette inéluctabilité (on peut donner raison à Celui qui se bat, à Celui qui «agit») ou encore la peur du «changement» (on ne sait jamais ce qu’on gagne, on sait ce qu’on va perdre).

Sarkozy a compris qu’il ne peut être un Rassembleur dans la lignée des De Gaulle ou de Chirac (qui joua finement à celui qui résorbera la «Fracture sociale»). Sarkozy réaliste mise, lui, sur le minimum : les 50, 01% au second Tour. Quitte à voir se renforcer l’hostilité de certaines couches moyennes (les enseignants), il  poursuit ce discours «ouvriériste» contre les fonctionnaires-assis-dans-leur statut-qui-les-préserve-de-la-crise en espérant qu’il sera «majoritaire».

Hier, mardi, Nicolas Sarkozy a continué sur le versant droitiste du «Diviser pour Régner». Pour cela, lire l’article d’Alain Accardo sur cette idée (1). Notre Chouchou a estimé que son «devoir» de chef d’Etat était «d’abord de penser aux ouvriers, aux salariés, aux cadres qui sont lancés dans la compétition internationale» plutôt qu’aux «emplois de la Fonction publique», qui «ont un statut qui les protège», en référence implicite au mouvement de grève à l’Education nationale.

Mensonges qui peuvent porter et rapporter. Il y en a d’autres. Citons : l’anti-intellectualisme, l’héroïsme du petit Chef à l’action, la haine du «BoBo» etc., courants encore forts dans la population française. Visions certes simplistes et, bien entendu, mensongères : nous savons combien Sarkozy reste le Puissant des Médias (Bouygues, Dassault, Lagardère etc) et combien il creuse la tombe de la classe ouvrière de plus en plus chaque jour. Qu’il retourne à Gandranges !

Ne pas croire à la «décomposition» du Régime, à l’approbation massive des idées et propositions de la Gauche. Prendre garde à ne pas oublier Marine LePen, et  la volonté abstentionniste etc. En cette période confuse et contradictoire, bien malin qui peut y voir complètement clair … même si la victoire au Sénat est une belle avancée.

Seules perspectives présentes et à venir : pilonner, pilonner, encore pilonner.

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(1). «Depuis qu’il y a des classes sociales, celles des possédants ont continûment, pour asseoir leur domination, recouru à la même stratégie fondamentale que résume le vieux slogan « diviser pour régner ». Pour écarter le seul danger qu’elles redoutent véritablement, c’est-à-dire la coalition massive de tous ceux qu’elles spolient, exploitent et oppriment de mille façons, et qui devraient trouver dans leur commune condition de dominés le ciment de leur union, elles s’ingénient à les dissocier, segmenter et disperser à l’infini».

Journalistes et…bloggeurs : faut-il les critiquer ?

Le Groupe de Jean-René Fourtou (patron de Vivendi) se fait le Serviteur zélé de Nicolas Sarkozy. Il y entraîne de vieux copains « journalistes » – Gérard Carreyrou, Etienne Mougeotte, Charles Villeneuve etc – pour renflouer les caisses (de résonance) des Puissants. A l’opposé, des journalistes mi-narquois, mi-désespérés, le plus souvent dans la précarité, tentent de nous informer.

En 1976, les Partis de Gauche stigmatisaient déjà le Pouvoir et les fortunes financières qui tenaient – via Robert Hersant (« Herr Sant » pour le Canard Enchaîné) – la Presse et les Médias. La dessinatrice Chantal Montellier, travaillant alors occasionnellement à France-Nouvelle (hebdo du PCF), livrait ses états d’âme, intitulant ironiquement sa planche en « Une Histoire excessive »…

Une Histoire brutale, toujours d’actualité…

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Le thème du «Journalisme & journalistes» réapparaît aussi chez les Blogueurs puisque Sarkofrance fait un billet intitulé : «Il faut critiquer les journalistes», billet où l’on apprend qu’il sera futur journaliste (bon courage !). Étrange titre de sa part : 1. il faudrait critiquer LES journalistes (sa prochaine corporation) et 2. Il FAUDRAIT critiquer les journalistes.

Pour BiBi, les meilleurs écrits qui touchent au journalisme prolétaroïde restent les articles et le livre d’Alain Accardo Journalistes au quotidien» au Mascaret) et sur l’Aristocratie journalistique, le livre «Les Editocrates» à la Découverte.

Alain Accardo s’y demande pourquoi les journalistes dans leur grande masse ne s’insurgent pas davantage contre le fait qu’ils soient considérés comme des marionnettes. Pour lui, il faut D’ABORD analyser le champ qu’ils occupent et sortir de la vision réductrice qui ne prendrait en compte que les rouages qui les broient. Des journalistes – heureusement – se révoltent mais ce phénomène semble très limité et n’enraye nullement le fonctionnement du système.

Le milieu est individualiste, narcissique au possible et souvent malheureux (on boit beaucoup dans le métier) : il demande du capital symbolique accumulé, une visibilité sociale (les grandes signatures), une reconnaissance par ses pairs etc. Et si on reste – pour les plus jeunes – dans la précarité, on est en même temps gratifié par le fait d’avoir (un certain) droit de vie et de mort sur l’existence sociale des acteurs de la vie du pays. Cette fascination est la base objective qui entretient solidarité et défense de la profession tant bien même les journalistes sont en état de perpétuelle concurrence.

Enfin un point tout aussi important : avec les acteurs du Net, il y a certes du changement mais on assiste à un agrégat entre Médias qui se refont une santé électronique et Nouveaux Entrants dans le champ du Marché informatif (bloggeurs, créateurs de Sites informatifs etc). Les grands sites des journaux se sont vite mis au pli pour truster le Top niveau. Quant aux bloggeurs, ils visent, eux aussi, à capitaliser de la notoriété (BiBi s’inclut dans le jeu). A la moindre occasion, ils cherchent à être «influents», ils font du lien, se dotent d’Instance de consécration (voir la folie et la soumission qui saisit tout bloggeur aux résultats mensuels du Wikio, voir la fascination pour le nombre d’abonnés sur réseaux sociaux etc).Temps de recomposition entre Journalisme à l’ancienne et l’Info-Net mais les clivages demeureront. Chez certains, on appelle ça à juste titre la Guerre idéologique.

Sarkofrance écrit : «Un journaliste m’a dit un jour de 2008 que les polémiques d’antan avait disparu. Qu’on manquait de joutes inter-journaux. Qu’il faut secouer ses contradicteurs, sans dépasser les bornes. Il a toujours raison». BiBi observe pourtant le même phénomène de retenue dans la blogosphère (est-ce la politique du lien qui intimide ?). BiBi se souvient de hauts faits d’armes où il s’aventura à analyser/critiquer des bloggeurs de gauche au Congrès de Reims ou à râler contre le billet d’un benaliste chez un bloggeur lyonnais. Ouh la la :  que c’était bon ! Y avait au moins de la Joie et de la Pensée.

Il serait peut-être alors temps d’écrire un billet avec ce titre : «Pourquoi il faut critiquer les bloggeurs»?

Les Blogueurs ne mangent pas tous à la même table.

Un certain bloggeur de mauvais goût s’étrangla d’un mauvais rire lorsque BiBi avoua à sa lectrice régulière @Valdo qu’il était plutôt ignare sur la culture amérindienne. BiBi, connaissant la probité et l’intelligence de sa lectrice, répondit qu’il irait s’informer sur cette culture et que – probablement – BiBi serait d’accord avec elle sur les revendications de ces peuples-là. «Probablement» ne voulant pas dire «certainement» mais notre Blogueur de mauvais goût – qui a déjà du mal avec sa virgule –

Toutes les voix comptent (surtout celle de Jean Ferrat).

Jean Ferrat.

Un jour, grimpant les lacets menant à Antraigues, BiBi aperçut Jean Ferrat sur la place qui jouait à la pétanque. Nous étions sous la France de Giscard. Entre les arbres, sur les murs des maisons de pierre, on voyait d’immenses calicots, des banderoles déployées, des drapeaux chiliens : on y lisait le soutien et la solidarité avec les Peuples d’Amérique latine qui luttaient contre l’Impérialisme US.

A France-Info, on lit le communiqué-hommage de Sarkozy à Jean Ferrat.  Obscène. On oublie de dire que le chanteur avait déclaré :  « Nicolas Sarkozy est un arriviste forcené qui, soi-disant, pense à la France… Ses idées sont détestables ».

BiBi se souvient que dans «Fragments du Discours amoureux», Roland Barthes écrivait : «Nous Deux – le magazine – est plus obscène que Sade ». BiBi a eu cette même impression après avoir écouté Carla Bruni-Sarkozy parler sur Sky News de son grand amour, de la « solidité » de son couple etc… Obscénité-bis : à mille lieues de l’Amour/Aragon chanté par Ferrat.

Konrad Hummler.

Jean Ferrat avait en horreur les Konrad Hummler du Monde entier. Konrad Hummler est le président de l’Association des banques privées suisses. Il a déclaré dans la Tribune de Genève : «Renoncer au secret bancaire ferait du mal au pays tout entier». Toujours cette arrogance chez ces banquiers : Konrad et ses amis s’arrogent le droit de parler au nom d’un pays tout entier.

Décroissance et Bakchich.

Dans le numéro de Décroissance, l’équipe éditoriale (Paul Ariès and Co) se paye Dany-le-Rouge en rappelant ses hauts faits d’armes. Elle dénonce à juste titre l’abandon du politique dans ce Mouvement entré dans l’arène dans les années 70 au profit du Spectaculaire. Outre la chronique féroce d’Alain Accardo, BiBi s’est attardé sur l’article de Guillaume Carnino qui nous conte son itinéraire de lecteur trentenaire, lecteur qui se demande si ce n’est pas « Internet et sa culture de l’immédiateté qui donnent de moins en moins envie de lire ». Il rajoute ce possible constat qu’à «moyen terme, il devienne insupportable, y compris physiquement, de lire des livres pour tout un pan de la population». Pas faux.

Heureusement, le papier existe : Bakchich-hebdo, lui, revient à un euro avec une qualité papier supérieure et une mise en page plus agréable, plus riche et plus fouillée.

www. megacouscous.net

Après avoir lu les articles-BiBi sur les méandres de la Politique humanitaire de Chouchou et du Mentor de Carla (Grégoire Verdeaux), les organisations de lutte contre le Sida ont posté dans sa Boite-mail une invitation au Méga-Couscous du 20 mars à la Maison de la Jeunesse de Saint-Denis. BiBi y sera en… pensées mais avis aux Parisiens et aux banlieusards : dépêchez-vous de réserver les dernières places à http://www.papamamanbebe.net/couscous

Et n’oubliez pas de saluer Tina de la part de BiBi.