Maîtrise de la langue et décret obscène en Sarkozye.

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Il va de soi pour BiBi que la langue ne se met pas au pas. Celui qui écrit prose et poésie sait combien fautes de syntaxe et fautes de grammaire sont des plus précieuses. Jouer avec la langue, en faisant fautes volontaires ou non – et en jouir tout autant – reste une des libertés fondamentales de l’animal humain doué de langage.

Mais dans le décret publié au Journal Officiel, il s’agit de tout autre chose. La Sarkozye vient en effet de pondre un de ses textes les plus obscènes : les Autorités exigent dorénavant un meilleur niveau de français et une langue française mieux maîtrisée pour acquérir la nationalité française par naturalisation.

Souvenons-nous pourtant lorsque l’italo-française, Carla Bruni Sarkozy, Reine du Combat contre l’illettrisme, avait souligné que son mari «était changé». Faut-il pousser à rappeler que notre Chochotte aurait été recalée dans ce cas-là car les futurs français doivent dorénavant être en mesure «d’émettre un discours simple et cohérent sur des sujets familiers»?

Pour ce qui est de la Simplicité et de la Cohérence, attardons-nous plutôt sur Nicolas et ses fôtes d’ortograffe :

Défendant le bouclier fiscal devant des ouvriers d’Alstom, dans le Doubs, le Petit Chef avait déclaré : «Si y en a que ça les démange d’augmenter les impôts, ils oublient qu’on est dans une compétition … »

Parlant des études des élites : «On se demande c’est à quoi ça leur a servi ?».

Sans compter les oublis des négations comme dans : «J’ai pas été élu pour augmenter les impôts» ou encore «J’écoute, mais je tiens pas compte !» (Provins, le 20 janvier.)

Mais la plus belle fut certainement cet hommage aux résistants lors des commémorations à Londres du 70e anniversaire de l’appel du Général de Gaulle : «Quelles qu’avaient pu être avant la guerre leurs opinions, ils se batturent tous au fond pour la même idée de la liberté, la même idée de la civilisation».

Le 13 mars 2009 à Rambouillet, Nicolas se prononce sur le plan de réforme des Hôpitaux : «On commence par les infirmières parce qu’ils sont les plus nombreux».

Dans Femme Actuelle (mai 2009) : «Je sors de ma douche parce que j’étais faire sport».

A Provins, devant des fonctionnaires éberlués (20 janvier 2009) il dit sans ciller : «C’est quand même agréable de voir des hauts fonctionnaires à qui vous comprenez quand y parlent».

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BiBi laissera là notre «Grand Intellectuel» à son décret infâme. Dans un premier extrait, il relèvera la difficulté à écrire qui traverse aussi les plus grands écrivains de langue française. Ainsi de ce constat de Charles  JULIET pour lequel il n’est jamais facile – lettré ou non – de se plier aux exigences de la langue :

«Je dois dire que l’écriture pour moi c’est toujours un moment difficile. Il faut aborder quelque chose d’inconnu et d’immense. On voudrait pouvoir tout dire de ce qu’est l’être humain, de ce qu’est le drame d’exister, de ce que sont nos joies, nos avidités, nos déceptions, nos angoisses, nos instants de bonheur, nos « minutes heureuses » dont parle Baudelaire. Combien je me sens insuffisant face à cette immensité, face à tout ce qui existe et qui est toujours présent et bouche un peu l’horizon».

Le second texte fut écrit et chanté par Bobby Lapointe. Quoi de meilleure résistance que de reprendre en chœur la chanson qui avait pour titre : Toto ?

 « Eh Toto ya t’il ton papa

L’est pas là papa

Eh Toto ya t’il ta maman ?

L’est pas là Maman

Eh toto y a t’il ton pépé ?

L’est pas là mon pépé

Eh Toto ya t’il ta mémé ?

Yé pas Yé pas là

S’il n’y a pas ni ton papa ni ta mama ni ta tata

Ah quel bonheur j’viens de voir ta sœur ! »

 

4 Responses to Maîtrise de la langue et décret obscène en Sarkozye.

  1. @LEpisodique dit :

    Et comme l’a si bien dit le vieux moine de la montagne Sainte Geneviève : »Et zut à la grammaire ». (Etiemble)

  2. Rodrigue dit :

    Que l’on vive quelque temps à l’étranger en essayant d’en parler la langue, ou que l’on entende des français tenter de s’exprimer en anglais avec un accent caricatural, rend extrêmement modeste, sans compter les multiples erreurs, coquilles et fautes en tous genres qui émaillent ce que l’on écrit…

  3. BiBi dit :

    @Rodrigue
    Une des plus belles coquilles que j’ai trouvée fut celle du propriétaire d’une maison qui avait placé « MA COQUILLE » sur sa façade d’entrée. Un coup de vent et hop, ce fut la lettre Q qui tomba… 🙂

  4. Pat dit :

    Heu… Comment dire ?…

    Félicitations 🙂

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