L’ère de la Confusion : 4 témoignages (en écho à un sondage).

Maurice, entrepreneur chauffagiste.

Ce Sarko et sa bande, je ne peux plus l’entendre, je ne peux plus les voir. Toute cette clique qui nous a promis des monts et des merveilles et qui ont accouché d’une souris. Ou plutôt d’un rat, d’une flopée de rats. Ils sont corrompus, ils… échappent à tout, ils pillent les caisses et ils reviennent au pouvoir. Regardez ce Longuet, c’est comme ce Pasqua et ce voleur de Chirac qui vont passer outre-tombe sans jamais avoir été punis. Ils sont tous pareils. DSK ? Il n’est pas de notre monde, il joue à la minette devant son miroir. Il donne des leçons à la Grèce, au Portugal et bientôt il va nous faire pareil. Un bon coup de balai, voilà ce qu’il faut. Nettoyer tout ça. Il n’y en a qu’une qui dit ces simples vérités : c’est la fille de l’autre. Un grand coup de balai, voilà ce qu’il faut. Et ce n’est ni Martine, ni ce Mélenchon qui peuvent être à la hauteur pour virer ces banksters. Y a que ces 23% qui leur font peur. Et pourquoi j’irai pas, moi, pousser derrière elle, pour faire trembler tous ces cons, hein ?

Laurent, enseignant en LEP.

Je pense à mes gosses. Je les ai mis dans le privé. Y avait de la racaille qui les emmerdait. Quand je suis allé voir le Conseiller d’éducation, il m’a répondu : «On peut pas trop bouger avec ces jeunes-là : si on intervient, ça ira encore plus mal». Les gens démissionnent, ils veulent plus mettre de simples limites. Cette Le Pen, je ne veux pas la voir mais faut admettre que ces mots tombent juste. Bon, je ne voterais pas pour elle. J’ai toujours voté socialiste. Y a ce Valls qui pourrait être bien mais il ne gagnera pas. C’est vrai, on peut plus voir l’autre Guignol encore une fois pendant les cinq ans à venir. Moi, je voterais pas : j’irai me promener avec mes gosses en 2012. L’abstention, voilà ma protestation.

Sébastien, employé.

Je me levais à cinq heures du matin. Mon entrepôt n’était pas loin. Ils ont déplacé l’entrepôt à 40 bornes de chez moi. Je me lève à trois heures du mat maintenant. Je suis fatigué, j’ai mal au dos dans ma camionnette de service. Ma femme supportait pas. Elle s’est barrée. Je fais la tournée, je livre les journaux. Des fois, je discute avec les buralistes. Eux aussi, ils sont écœurés. Des taxes, des taxes alors que l’autre Enfoiré leur avait promis qu’en travaillant plus, ils gagneraient plus. Putain, ça finira jamais.

Sandrine, 34 ans, aide-soignante.

Ils vont faire partir 45 postes de l’hôpital. Dans la charrette, ça risque d’être des gens de chez nous mais bon, ils vont avoir besoin de nous pour ramasser tous les trucs tout sales, non ? La politique ? Quand je mets la télé, j’y comprends rien : ils ne nous connaissent pas. L’autre jour, Aïcha est venue chez moi. Elle vient pourtant du Maroc, hé ben, on a regardé Madame Le Pen, elle a dit des choses toutes simples qu’on connaît, nous. Elle me paraît bien, elle a l’air de nous comprendre. Même Aïcha, elle disait qu’elle était beaucoup d’accord. Et puis, cette dame, elle est de notre âge, je crois. C’est une femme. Est-ce qu’elle a des enfants ? Mes souhaits ? Que mes jumelles continuent à bien travailler à l’école. Elles vont passer en CM1 : je suis contente.

*

Quatre témoignages qui nous mettent à rude épreuve. Ici, on quitte le Monde des Bisounours, ce Monde qui serait en crise. Mais ce n’est pas forcément le «Monde» qui est en crise (le Monde connaît perpétuellement des soubresauts), ce sont surtout nos propres représentations du Monde qui le sont. BiBi tente de se tenir à distance de ces discours discriminants qui considèrent ces citoyens comme des «cons», des «racistes», des «beaufs». L’épreuve à traverser pour gagner sur l’Ombre des Chemises brunes et le Soleil du bling-bling commence par celle, banale, de l’écoute.

BiBi ne voit pas d’autre moyen pour contrer ces arguments que de penser, de penser singulièrement, d’engager la mise en question de ses propres représentations spontanées. Oui, s’atteler à penser, à toujours penser, à penser plus que jamais pour se fondre au mieux dans l’action.

4 Responses to L’ère de la Confusion : 4 témoignages (en écho à un sondage).

  1. Didier Goux dit :

    Si Bibi se mettre à penser, Marine avoir très peur, ça être sûr.

  2. BiBi dit :

    @Didier Goux
    Retourne dans SON pays : elle t’y attend.
    Bien pensé, non ?

  3. Bonsoir,
    oui, tu as raison… il faut PENSER… et aussi et surtout titiller la pensée de l’autre, des autres… et cela grâce à la parole (…et aux écrits…). Et là intervient la rhétorique: savoir utiliser les bons mots pour faire passer des vérités… du style la droite du côté des patrons, la gauche du côté des ouvriers… voilà des idées simples… que le PS a oublié depuis bien des années…!!! En plus de se diviser, le PS est surtout malade de ne plus savoir parler aux français…

  4. BiBi dit :

    @Olivier Rossignol
    Dans Le Monde du 27 août 2009, Rémi Lefebvre, professeur à l’Université de Reims, décrivait avec justesse le PS d’aujourd’hui. A ses explications toutes simples, on pouvait déjà se faire une idée du « pourquoi » le PS est « malade de ne plus savoir parler aux français ».

    Lire : http://bit.ly/hPXTty

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